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lancé des regards farouches, et je lui ai retourné des yeux ironiques. Il m’a même demandé : « Pourquoi êtes-vous ici ? — Comme témoin », ai-je répondu. Après cet échange d’aménités, je doute qu’il veuille se retrouver en face de nous. Il a joué une partie et il l’a perdue.

Léo venait d’achever ces paroles, lorsqu’un coup de timbre retentit à la porte d’entrée.

Il nous galvanisa. Je devins pâle, sans doute, parce que maman se précipita vers moi et s’écria :

— Ne t’évanouis pas, je t’en supplie !

Papa se préparait à la lutte, Léo prenait son aspect d’avocat et Vincent arborait un sourire ironique.

Comment vis-je tout cela ? Je n’en sus rien, mais l’observation se décuple à certains instants de la vie. J’enregistrais ces diverses attitudes sans même m’en rendre compte.

Des pas résonnèrent dans le vestibule, la porte s’ouvrit, et… Berthe entra, suivie de M. Durand.

Quelle joyeuse surprise ! Des exclamations retentirent pour l’exprimer, d’autant plus sincères que nous nous voyions délivrés d’une présence indésirable.

Léo s’était élancé au-devant de sa fiancée, angoissé maintenant par cette visite imprévue.

— Qu’y a-t-il ?

— Rien que d’agréable, je le crois.

Il respira, soulagé, et la regarda affectueusement, tandis que père allait à M. Durand.

— Alors, mon cher Durand, quel bon vent vous amène.