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fit grand plaisir, et, environ une heure après, le docteur me rendit visite.

Il me trouva fort bien et ne m’ordonna aucun médicament. Il jugea que cet évanouissement était causé par une secousse nerveuse, en quoi il n’avait pas tort, et il dit :

— Oh ! ces modernes qui cumulent les sports et les œuvres au détriment de leur réserve de forces ! C’est un défi à la santé, mais quel avis peut-on donner aux jeunes maintenant ?

L’esprit débarrassé de sa frayeur maman rit, et elle e sortit avec notre médecin, que papa attendait.

J’aurais voulu savoir tout de suite le résultat de cette consultation, mais elle dura longtemps, parce que notre vieil ami bavardait avec mes parents. Quand maman revint dans ma chambre, il paraît que je dormais profondément.

Le lendemain matin, j’eus ces détails, et ma mère m’annonça que le cœur de papa était très solide et qu’il s’était agi d’une simpie fatigue, complètement disparne.

Ah ! comme je louai le ciel !

Mais, tout à coup, une lueur fulgura dans mon cerveau. Ainsi, tout ce à quoi je consentais devenait inutile ? Mon père aurait pu lutter sans dommage contre ses ennemis…

J’étais si naïve qu’il me semblait que mon père était sauvé de toute calamité. Cette pensée simpliste dura peu. Papa restait toujours sensible, et, s’il était en état de résister à une émotion, il ne s’ensuivrait pas qu’il pût résister sans dépression à des tracasseries violentes et continues.