te déranger. Elle t’a attendue, et, tout à coup, l’heure l’a pressée.
Maman n’avait pas l’air de percevoir mes paroles. Elle m’examinait.
— Dieu, que tu es pâle Monique !
— Ah ! vraiment ? Je n’en ai pas conscience.
— Tu n’es pas malade ?
— Je ne me sens aucun mal.
— Tes fiançailles ne te réussissent pas. Tu n’as pas un air enchanté.
Je me tus. Que répondre à ces insinuations ? Je ne savais que trop combien ce mariage en perspective m’accablait.
Je ne pus retenir un frisson, que maman remarqua.
— Je suis sûre que tu es sous l’influence de quelque fièvre.
— Ne t’inquiète pas, maman. Quand la journée a été brûlante, on sent toujours, vers le soir, un peu de froid glisser entre les épaules.
Maman ne répliqua rien. Une barrière s’interposait entre nous, refoulant notre expansion.
Il m’était impossible de dire un mot sur le sujet qui me broyait, sans quoi la digue du silence que je voulais se serait brisée. Ma mère aurait tout compris. Je ne possédais la fermeté qu’à la condition de ne pas m’appesantir sur mon sort.
Maman me dit :
— Ton père, demain, aura quelque loisir, et il s’informera au sujet de ce M. Jean Gouve. C’est notre devoir de prendre des renseignements sur cet inconnu.