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La soirée était belle… Nuit de mai… D’autres que moi l’ont chantée. Je m’accoudai à la fenêtre et j’estimai que la plus belle nuit a toujours quelque chose de mystérieux que la clarté lunaire ne suffit pas à pallier. J’en ressentais à ce moment-là toute l’acuité. Je voyais les lumières du ciel, celles de notre cité, mais, entre elles, une obscurité stagnait, pleine d’ambiguïté. Pourtant, les étoiles projetaient leurs scintillements, et la lune, toute ronde, paraissait rire et inviter tous les mortels à l’imiter. Cependant, rien ne pouvait enlever de mon être le pressentiment qui me traversait. Je percevais du souci dans toutes les ombres qui se dessinaient partout.

Des larmes coulaient même de mes yeux sous cette obsession. Pourquoi me semblait-il, ce soir-là, que ma paix présente allait s’envoler et que de sombres journées allaient naître pour moi ?

Le lendemain, cependant, je m’éveillai sereine, après une nuit sans rêves.

Tous les « noirs » de la veille avaient disparu, et j’avais presque pris mon parti du mariage de Léo. Les aperçus de Vincent faisaient leur chemin et, sans même m’en douter, je subissais leur influence. Je ne vis pas Léo ce matin-là. Maman me dit qu’il était sorti de bonne heure pour enquêter dans les environs avec son « patron ».

Quant à Vincent, il se hâta de déjeuner pour se rendre à son cours, et comme, ce jour-là, j’avais une leçon de littérature et d’art, vers 10 heures, je me préparai à cet effet.

J’avais conservé de très bonnes relations avec