Cette interrogation me choqua tout d’abord par son indiscrétion, mais nous étions tous les trois hors de notre norme.
J’appelai donc toute mon énergie afin de ne pas laisser percevoir ma répugnance pour mon futur mari. Avec le plus de naturel possible accompagné d’une émotion retenue, je répondis :
— Si je ne l’aimais pas, l’épouserais-je ?
Évidemment, je blessais encore plus profondément Robert, mais si j’avais fait entrevoir mes véritables sentiments, c’eût été pour lui une porte ouverte à l’espoir. Devant cette affirmation, il ne lui était plus permis d’insister.
Lentement, doucement, il murmura :
— Il y a huit jours encore, j’étais follement heureux… J’échafaudais les plus beaux rêves, mon avenir m’apparaissait radieux, et aujourd’hui tout est bouleversé, comme si un cyclone avait passé…