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cruauté, et je le vis pâlir affreusement. Il s’appuya au dossier d’une chaise, comme si la vie même se retirait de lui.

Mlle  Clarseil s’élança pour le réconforter.

— Pauvre…, pauvre enfant murmura-t-elle en lui entourant les épaules de son bras.

— Fiancée…, murmura-t-il d’une voix méconnaissable.

Je cachai mon visage dans mes mains. Il me sembla à ce moment précis que nous ne nous maîtrisions plus. Robert paraissait frappé de stupeur. Mlle  Clarseil s’absorbait dans ses réflexions, et moi je commençais à pleurer, dans une détente inattendue de tout mon être. Je ne voulais pas être faible, et pourtant mes larmes coulaient.

— Pourquoi pleurez-vous ? demanda brusquement Robert, qui reprit son sang-froid le premier.

Que répondre, sinon une partie de la vérité ?

— Je suis désolée de vous causer cette peine…

Mlle  Clarseil sortit de son mutisme pour crier avec amertume :

— C’eût été bien facile de la lui éviter !

À mon tour, je m’écriai :

— Pourquoi vouloir l’impossible ?

— Vous étiez prévenue pourtant que Robert vous aimait !

— Je l’ai su trop tard !

Peut-être avais-je eu, à mon insu, un accent de regret en disant ces mots, parce que Robert me regarda profondément en me questionnant :

— Aimez-vous beaucoup votre fiancé ?