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— Oh ! qu’avez-vous, ma petite enfant ? Vous êtes pâlie…, amincie…, malade ?

— Moi ?

— Oui, vous… Certainement vous.

— Je ne suis pas du tout malade. Tout va bien.

— C’est vrai, je m’abusais. Vos yeux sont brillants, et depuis un moment je vous vois mieux. Peut-être que ma vue baisse un peu…

— Il y a des nuages, cela donne des ombres.

— C’est cela !

C’est ainsi que mon amie, avec la sûre clairvoyance du cœur, s’apercevait de mon angoisse. Mais les raisons qu’elle donnait sur la cause de mon visage tiré étaient-elles feintes ou réelles ?

J’essayai pourtant de la dérouter en affectant une gaieté d’une exubérance exagérée. Je riais, je riais, mais je reculais le moment d’avouer ma future destinée.

— Tout à l’heure, je vous trouvais triste, et j’avais tort. Je vois avec plaisir que la jeunesse sait encore avoir de l’entrain. On prétend qu’elle est anxieuse.

Quand j’eus aiguillé Mlle Clarseil vers les routes les plus sereines de la vie, je m’écriai, comme si je me souvenais d’une chose oubliée :

— J’ai une nouvelle à vous dire… J’imite Léo !

— En quoi, petite amie ?

— Pour le mariage.

— Voulez-vous insinuer que vous désirez vous marier ?

— Mais oui…