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gratifiez d’œillades, et ensuite vous ne voulez pas que je vous embrasse !

— Allez-vous-en ! répétai-je, sans mesurer mon illogisme.

— Ça va durer, cette comédie ? Vous savez ce qu’il en cuira à votre père ? J’ai fait le plan de vous épouser, ça arrange mes affaires, et je n’en démordrai pas… À votre aise, ma petite !

— Aujourd’hui, je suis émue, bégavai-je, folle de frayeur, pardonnez-moi !

Quelle difficulté pour prononcer ces mots affreux, mais le visage blême de mon cher papa venait de surgir devant moi.

— Bon, puisque c’est comme ça, je veux encore bien passer là-dessus, mais vous êtes trop délicate. Il faut que ça change.

La porte se referma enfin sur lui.

Pendant un moment, je restai le cerveau vide. Puis je refoulai ce malaise et me recomposai le visage pour rejoindre mes parents.

À mon entrée, ils s’interrompirent de parler.

Je remarquai que des larmes brillaient dans les yeux de maman, et j’eus un serrement de cœur horrible. Qu’il me fallut du courage pour ne pas me jeter dans ses bras !

— Oh ! Monique ! s’écria-t-elle.

C’était un vrai cri de désespoir.

Papa me demanda :

— À quel mobile obéis-tu, ma petite fille ?

Je ne pouvais affirmer n’importe quoi, excepté le vrai motif de ma conduite.

— Il me plaît, assurai-je.

— Il te plaît ! répéta maman avec stupeur. Elle se passa la main sur les yeux et reprit :

— Comment peux-tu, toi, vouloir me con-