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salon où on attendait le café, je pris une revue. Léo vint près de moi et, pendant que notre mère était allée donner un ordre, il me demanda tout bas :

— Ce fiancé, c’est l’inconnu qui s’est informé de son chemin ? Il est parvenu à ses fins… Je ne répondis pas, et Léo s’éloigna parce que maman rentrait dans la pièce.

De nouveau, un peu plus tard, mon père et mes frères nous quittèrent, et, pour ne pas me retrouver en face de maman, je me réfugiai dans ma chambre.

J’entendis s’assoupir les bruits de la maison et, alors que je croyais maman sortie, elle vint me parler. Son visage était toujours sévère.

— Décidément, tu ne viens pas avec nous ?

— Non, maman…

— Cependant, puisque tu vas te marier, il serait utile que tu imites Berthe et que tu t’inquiètes de quelques pièces de ton trousseau.

Je secouai la tête en répondant :

— On est trop de trois dans un magasin, il y en a toujours une à la remorque. Puis j’ai déjà tant de choses…

Maman m’examina et murmura :

— Es-tu vraiment heureuse ?

Vivement, je m’exclamai :

— Naturellement ! Mais vos attitudes sont tellement réfrigérantes que je ne sais plus où j’en suis.

— Ce n’est pas ton mariage qui me choque, mais ton manque de confiance.

Je ne protestai pas.

Maman se retira. J’attendis une heure, puis je me hâtai de porter mon télégramme. Je ren-