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mon cœur, j’eus un ébranlement de tout mon être. Je faillis tout avouer, mais je m’arrêtai à temps parce que mon aveu représentait de nouvelles tortures pour papa. La vengeance des Galiret était suspendue à ma discrétion.

— Tu l’aimes donc vraiment ? interrogea encore maman, qui ne voulait pas être convaincue.

J’inclinai la tête, et ce geste pouvait être pris pour une affirmation. Je fermai les yeux et je prenais ainsi l’aspect d’une personne extasiée devant son amour. En réalité, je souffrais en profondeur. Poursuivre un tel mensonge me semblait presque au-dessus des forces humaines.

— Hier soir, reprit encore maman, tu avais cependant l’air d’écouter Robert avec plaisir. — Oh ! non, dis-je le plus doucement, c’est ton imagination qui t’a suggéré cela, parce que je lui ai dit, au contraire, que je ne l’aimais pas… Il y eut un murmure. Mes frères me regardaient. atterrés, et maman s’écria :

— Tu as osé !

— Aurais-tu donc voulu que je lui fisse croire que je l’épouserais ? Je suis loyale.

— Ah ! parlons de la loyauté !

Maman, cette fois, était au comble, du désespoir, parce qu’elle venait d’avoir la certitude que Robert dédirait m’épouser, puisqu’il s’était déclaré.

Ce fut donc plus amèrement encore qu’elle reprit :

— Ah ! ma fille, tu manques là un bon et