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— Si Robert plaît à Monique, ce sera encore un mariage ! Comme la maison sera agréable quand ces deux-là seront partis ! Je serai le chouchou de maman, le bon chéri, et tout seul !

Cette taquinerie resta sans échos. En d’autres circonstances, j’aurais riposté, mais j’étais trop bouleversée pour avoir l’esprit de répartie.

Je songeais qu’il m’était impossible de raconter mon histoire le soir même et que, vraisemblablement, je serais tenue d’accompagner mes parents chez les Darèle le lendemain.

Heureusement, je n’avais pas promis une réponse ferme à Jean Gouve dans les vingt-quatre heures. Tout en réfléchissant, je me disais que ce serait plus sage de prévenir de mes intentions, après être allée chez nos amis. Je pourrais déclarer plus fermement que Robert ne me convenait pas et qu’il me serait impossible de l’épouser.

Je passai une nuit et une journée abominables à côté de maman, gaie comme un pinson.

À la fin de l’après-midi, elle me recommanda :

— Fais-toi belle…

Oh ! je n’y pensais guère ! L’heure de partir sonna. L’enthousiasme était général, mais celui de Léo confinait au ravissement. Il devait chercher sa fiancée pour la conduire chez les Darèle, et il en ressentait une grande fierté. Tout se passait à merveille pour lui. En s’éprenant de Berthe, violette cachée, il avait