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Je ne sais pourquoi, je prononçai des paroles qui me parurent ridicules. Jean Gouve eut un rire en répondant :

— Rien ne peut arrêter une vengeance adroitement ourdie.

J’étais hors de moi. Il poursuivit :

— Ne faites pas l’enfant. Je serai un bon mari, et si vous ne m’épousez pas, je ne crois pas qu’un autre voudrait de vous. Je saurai utiliser les rencontres que nous avons eues, de façon quelles puissent vous nuire…

J’étais terrifiée. Calomniée par cet homme !

C’eût été un comble. Je me vis dans un filet.

Dans un murmure, j’affirmai :

— Il ne s’agit pas de dérobade, vous avez ma promesse.

— C’est bien. Alors, nous sommes amis ?

Il se rapprocha. Je crus qu’il voulait me donner le baiser de fiançailles et je reculai.

— Encore farouche ! s’écria-t-il. Que d’histoires ! Puisque nous sommes fiancés, j’ai le droit de vous embrasser.

— Pas avant que mes parents soient prévenus de notre entente. Il faut d’abord que vous soyez reçu à la maison.

— Bon, j’en passe encore par votre fantaisie. Et quand pourrai-je me présenter dans votre famille ?

— Je vous avertirai.

Il m’observa d’un air soupçonneux. J’affectai de ne pas remarquer ce regard et je dis :

— Donnez-moi votre adresse.

Il tira une carte de son portefeuille et me la tendit.

Je lus qu’il habitait rue de Montpellier.