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pensai que ma coquette élégance ne serait appréciée que d’un mari que je détestais, et mon enthousiasme tomba.

Et, en face d’un tournant, je me vis en face de Robert Darèle. Il salua en s’arrêtant, parce que nous étions trop près l’un de l’autre pour ne pas échanger quelques mots.

— Bonjour, Monsieur. Vous vous promenez ?

Quelle banalité dans ces paroles ! Pourquoi interrompre le rêve d’un passant par une question aussi stupide ?

Son visage trahissait la joie de me rencontrer. J’aurais voulu que Jean Gouve passât.

Je présentai mon ami d’enfance à Berthe :

M.  Robert Darèle. Mlle  Berthe de Dareuil.

Il eut un sursaut. Sans doute reconnaissait-il la fille du bon Durand, et ce nom le déroutait.

J’ajoutai :

Mlle  de Dareuil est la fiancée de mon frère.

Il s’inclina en disant :

— Léo ne m’avait pas encore annoncé ses fiançailles.

— Elles datent d’hier, répondis-je.

Pour se convaincre du nom de Berthe, il demanda en hésitant :

— Êtes-vous parente, Mademoiselle, du comte de Dareuil, tué dans un accident de cheval au cours d’une période militaire, il y a une vingtaine d’années ?

— C’était mon père, Monsieur, et je suis née un mois après sa mort. Je sais toutes ces choses depuis peu de temps…

— Je regrette de raviver un tel souvenir, mais, dans ce cas, mon père était condisciple du vôtre, et même petit-cousin.