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— Quand un mariage doit se faire, le ciel s’en mêle. Et vous, Mademoiselle Carade, à quand votre tour ? Quand sonnera-t-on pour le vôtre ?

Je frissonnai en songeant que les cloches assisteraient aussi à ma honte.

Berthe survint. Elle était ravissante. Une robe de toile bleu pastel, d’une simplicité qu’elle rehaussait. Une capeline de paille claire ombrageait son front. Sa minceur élégante était d’une distinction que je ne pouvais comparer à nulle autre.

Mme  Durand s’écria :

— Comme elle ressemble à Mme  la comtesse !

Nous nous en allâmes, et Berthe me dit :

— Depuis que mes parents Durand ont révélé l’énigme de ma vie, nous parlons beaucoup maman. Il semble que mère soit heureuse de s’épancher enfin, car elle ne tarit pas de rappeler ses souvenirs, et si cela m’attendrit, j’éprouve en même temps bien des regrets. Pourtant, ce n’est pas le moment de me montrer triste, puisque je vais avoir une nouvelle famille dans la vôtre.

Je souris en lui répondant :

— Soyez assurée que nous vous aimons beaucoup.

— Merci, ma chère Monique. De mon enfance il y a des faits dont je me souviens. D’abord, je me vois dans une grande maison : un gros chien me suit. Puis une dame en blanc, étendue sur une chaise-longue dans un jardin ; mais, ces choses, je croyais les avoir rêvées.