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touristes… Ils ont tout à fait un autre air… Ils sont absorbés, dépaysés, tandis que celui-là…

Je m’arrêtai. À vrai dire, je ne savais comment expliquer mon impression. Son regard me hantait. Il trahissait une expression que je ne pouvais définir, insistante, ironique.

Certainement, je divaguais, mais je conservais ma méfiance, un éloignement irraisonné.

Maman répète :

— Tandis que celui-là ?

— Semblait fort bien connaître la ville.

— Il ne t’a donc parlé que pour amorcer une conversation ?

L’esprit de maman était en éveil.

— Je ne le pense pas, répliquai-je vivement.

Cette idée ne m’était pas venue, et maman me la mettait en tête. Une perspective s’ouvrait devant moi. Sans doute que ce jeune homme voulait me parler, et pourquoi ?

Le point d’interrogation était là. Je ne trouvais cependant pas que son attitude fût celle d’un héros. Du moment qu’il voulait me parler, ce n’était évidemment que par amour pour moi…

Ainsi fut ma première réflexion. C’était de nouveau un problème.

Les événements arrivent par surprise : c’était un jour de mai comme les autres, le même soleil clair, le même horizon, les passants indifférents. On se lève avec calme, on procède aux rites coutumiers et l’on augure que la journée restera calme, et voici que deux énigmes se placent soudain devant votre esprit pour vous poursuivre.