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gissant. Mon père sortit et revint avec quelques papiers dans la main. Il était suivi de mère. « Ma petite Berthe, me dit-il, M. Carade sort d’ici pour demander ta main pour son fils. Tu vas entrer dans une des premières familles de Nîmes. Mme Carade est apparentée à la noblesse de la ville. » Je ne répondis rien. Je me sentais heureuse en pensant à Léo, mais j’étais un peu désolée de savoir que je serais peut-être déplacée dans votre milieu.

Il y eut des protestations spontanées et aimables de nous, et principalement de Léo. Cela lui valut le plus doux regard de sa fiancée.

Après cette interruption, elle poursuivit :

— Il est temps de t’avouer, ma chère Berthe, reprit celui que j’appelais mon père, que tu n’es pas notre fille. — Comment ! » J’étais si ahurie que je ne pus lancer que cette exclamation. Je restais sans un mot, pétrifiée par cette révélation qui me faisait croire à un accès de démence. Je n’osais même pas poser une question. Je reportai les yeux sur ma mère, et je la vis si calme, si attendrie, que je compris que mon père disait la vérité. Il continua son explication : « Mme la comtesse de Dareuil, ta chère maman, était si désespérée par la mort de Monsieur ton père qu’elle n’a pu résister. Ma femme t’a emmenée, sur les conseils de ton notaire, parce qu’elle t’avait toujours soignée et que ta maman l’avait recommandé. Nous ne t’avons jamais parlé de ces choses, sur la défense expresse de Mme la comtesse. Elle ignorait ce que serait ton caractère et voulait que tu sois heureuse entre nous deux. Le notaire a pensé que nous te dévoilerions ta personnalité au moment de ton