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tins compagnie à maman pour attendre mon frère.

Son absence ne fut pas longue et nous vîmes arriver deux êtres rayonnants.

Berthe était transfigurée parce qu’elle se savait l’égale de Léo. Ainsi qu’elle nous l’avoua, elle était gênée d’être une intruse dans notre famille. Elle nous voyait dans une situation si éloignée de celle de ses bons parents Durand, qu’elle craignait qu’un jour mon frère ne fût las de ce mariage. Ce n’était pas qu’elle les reniât, la chère créature n’y songeait nullement, elle appréhendait seulement que son mari n’en fût pas flatté.

C’était uniquement à lui qu’elle pensait, et cela voilait son bonheur, car elle aimait profondément ses bons Durand.

Elle ne connaissait pas encore Léo à fond. Ce n’était pas lui, certes, qui aurait dédaigné qui que ce fût. L’avenir le lui aurait appris.

Cependant, les choses étaient mieux ainsi, et c’était sans arrière-pensée qu’elle venait à nous.

Nous ne nous lassions pas de la contempler, tellement le bonheur sertissait sa beauté. Ses gestes plus aisés augmentaient l’harmonie de sa personne, son regard plus assuré trahissait toute son âme.

Elle nous dit :

— J’effectuais des courses, lors de la visite de M.  Carade, et quand je suis revenue, père m’a tout de suite prévenue : « Nous avons une communication à te faire, ta mère et moi. — C’est grave ? — Mais non, mais non », me rassura-t-il. J’avais tout de suite pensé à un obstacle à notre mariage, avoua Berthe en rou-