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tesse de Dareuil. Il est entré, lui aussi, au château comme jardinier dès qu’il fut revenu d’un apprentissage. Au bout de quelques années, il épousa la lingère. Durant ce temps la comtesse de Dareuil était morte et son fils unique s’était marié. La jeune comtesse mit au monde une petite fille, alors que son mari se tuait dans un accident de cheval. Elle ne put jamais se remettre de ce tragique épisode et languissait sur sa chaise longue. L’enfant était toujours aux mains de la lingère. Sa mère succomba, le château fut loué par les soins du notaire, et les Durand revinrent à Nîmes. Ils gardèrent l’enfant, que personne ne réclamait et que le notaire leur laissa. Elle avait 1 an… C’est Berthe…

Quelle explosion à la conclusion de papa ! Il n’avait pas été interrompu, mais des yeux angoissés l’observaient tandis qu’il parlait.

Léo s’écria :

— J’ignorais ce roman !

— Ces braves gens n’ont pas éclairé la fiancée à dessein, afin que nulle complication n’entrât dans sa vie. L’existence aurait changé complètement pour eux s’ils s’étaient posés comme les domestiques de Mlle de Dareuil.

— Je comprends mieux, prononça maman, son altitude en face de ses parents adoptifs. Ces bons Durand usaient sans doute envers elle d’une sollicitude légèrement respectueuse. L’enfant, inconsciemment, a pris un ascendant qu’elle ne soupçonnait même pas.

Léo, agité, arpentait le salon en répétant :

— C’est incroyable !