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— Quelle est la bonne nouvelle ? interrogea maman.

— Tu es allé chez les Durand ? demanda Léo.

— Ne dis rien avant le dîner, papa ! supplia Vincent, je meurs de faim, et nous allons être retardés si on commente ton histoire.

— Raconte, papa, interrompis-je, sans quoi nous dînerons mal, nous mangerons vite, poussés par la curiosité, et rien n’est si mauvais pour l’estomac.

— Monique a raison, riposta papa, et je vais tout de suite vous narrer mon histoire, comme dit Vincent.

Et il s’enfonça dans un fauteuil.

— Vincent, aie un peu de patience et ne fais pas la moue. Quand tu m’auras entendu, tu auras peut-être un peu perdu l’appétit.

— Cela m’étonnerait, murmura Vincent.

Notre père commença :

— Je suis donc allé chez les Durand. Ce sont de bien braves gens. Leur logis est fort accueillant, et ils m’ont reçu à bras ouverts. Pour des parents heureux, ils l’étaient… C’était aussi un accueil déférent. Ils m’ont beaucoup remercié de l’honneur que je leur faisais en venant demander la main de leur fille.

Je regardais papa, qui semblait s’amuser. Je contemplais maman, que cet exorde assombrissait. Léo laissait paraître quelque nervosité et fronçait les sourcils.

Je me contentais de remarquer que papa parlait avec une certaine désinvolture du ménage Durand, ce qui déplaisait passablement au fiancé.

Père n’y mettait plus cette volonté généreuse