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Pendant que je me tourmentais sur ces problèmes, maman répondait à Léo :

— C’est fort aimable à Berthe de vouloir me consulter à ce sujet, mais il me semble que sa mère est plus autorisée que moi pour décider d’une date.

— Ma fiancée croit bien agir en te consultant.

— Je me figure toujours que cette jeune fille conduit seule sa vie et que ses parents la laissent agir selon son inspiration.

— Cela ne paraît pas, répliqua Léo avec calme. Elle est pleine de prévenances, et jamais je n’ai saisi un mot qui fut une critique sur eux. Les jeunes, vois-tu, maman, ont acquis de l’indépendance, et quand il s’agit de leur avenir, ils tranchent à leur fantaisie.

Oh ! que cette dernière phrase me plut ! Quelle excellente préparation elle faisait à mon prochain discours !

Papa riposta :

— Tu nous en donnes la preuve.

Mon champ d’action s’élargissait à ces paroles. Cette conversation remplie d’à propos devenait le vrai prélude à la catastrophe que j’allais déchaîner dans quelques jours.

— Est-ce mieux ? Est-ce plus mal ? poursuivit Léo, on ne le sait pas encore. Les parent peuvent se tromper, les enfants aussi, mais si ces derniers ont commis une erreur, ils ne doivent s’en prendre qu’à eux, et les parents n’ont pas de responsabilité.

— Ils souffrent quand même, murmura maman.