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Berthe, qui possède un beau caractère, n’abuse pas de l’admiration qu’elle provoque.

Ce sujet m’intéressait passionnément, parce que je souhaitais que la famille où entrerait Léo fut du même niveau que celle où j’allais tomber. Malheureusement pour moi, Léo voyait tout en beau, les Durand eux-mêmes obtenaient un brevet généreux de qualités qui déliait toutes les distinctions.

Nous ne pouvions que nous incliner.

Quand maman demanda quelle serait la date approximative de son mariage, Léo répondit paisiblement :

— Berthe ne l’envisage pas avant quelques mois, mais je crois qu’elle t’en parlera elle-même. Ce temps, qui paraissait sans doute long à mon frère, sembla court à ma mère. Elle aimait nous voir groupés autour d’elle, et je suis sûre que son cœur saignait d’envisager la désagrégation du foyer.

Son bon sens ne la leurrait pas. Elle savait que le mariage consiste à bâtir un autre nid et que, forcément, le couple nouveau lui donne son temps. Elle eut été navrée qu’il en fût autrement.

Cependant, j’étais persuadée que Léo n’abandonnerait que très peu le cadre familial. Il était fort probable que les Durand, aussi merveilleux qu’ils fussent, ne possédaient pas les mêmes habitudes que nous.

Pour mon compte, j’étais décidée à négliger les Galiret. Un seul échantillon me suffisait ! J’ignorais s’il y avait une mère ou une tante, mais je savais par avance qu’elles ne seraient pas sentimentales.