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marane la passionnée

Je fus ahurie pendant un moment par les gloussements de joie des jeunes filles.

— Qu’avez-vous ?

— Rien ! cria Emma.

— Qu’ai-je dit de si extraordinaire ?

— Qu’elle est naïve ! s’exclama Clotilde.

— Jamais je n’ai tant ri ! bégaya Emma.

Jeanne souriait. Elle murmura :

— Vous l’intimidez, laissez-la.

Je me redressai et m’écriai :

— Rien ne m’intimide ! N’est-ce pas un jeu, l’amour ? Répondez !

— Tu es charmante, répliqua Clotilde.

— Je vais t’instruire, intervint Emma. Un cousin est un flirt, c’est-à-dire un jeune homme qui vous aime, qui vous adore, avec qui l’on échange des confidences et même des baisers.

— Alors, c’est un mari, déclarai-je.

Une nouvelle explosion de joie salua ma réponse, débitée avec sérieux.

— Un mari n’est pas du tout cela ! Un mari est un monsieur avec qui l’on vit, qui vous achète des robes et qui est le père de vos enfants.

— Mais, interrompis-je décontenancée, on embrasse un cousin ou un flirt, sans se marier avec eux ?

— Qu’elle est innocente ! s’exclama Clotilde.

— On n’a pas besoin de se marier avec tous les jeunes gens que l’on embrasse ! Que deviendrait-on ! s’écria la jeune Emma, qui avait dix-huit ans.

— Tu en embrasses beaucoup ? lui demandai-je avec un accent méprisant.

Elle cessa de rire et me regarda Interloquée. Puis elle murmura, gênée :

— Mais non, voyons.

Ses sœurs riaient malicieusement et j’en conclus qu’elles étaient satisfaites de ma question qui embarrassait leur sœur.

— Eh bien, moi, ripostal-je avec hauteur, je n’embrasserai que celui que j’épouserai. Pour le moment, je ne pense pas