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marane la passionnée

J’arrivai aux Crares. L’animation régnait autour de la maison que l’on ravalait. Des ouvriers travaillaient également à l’intérieur. Des jardiniers nettoyaient les allées et des massifs d’arbustes se dessinaient. Des rosiers attendaient qu’on les plantât.

Je m’approchai de plus près, afin de constater les progrès des travaux, absolument comme si je devais être l’habitante de cette maison.

Ma curiosité s’éveilla et je trouvai très naturel d’interroger un ouvrier.

— Les réparations paraissent pressées.

— Dame oui ! Les occupants viendront dès que ce sera terminé, et l’entrepreneur a dit qu’il ne fallait pas chômer.

— C’est une famille qui va s’installer ici ?

— Je ne saurais vous renseigner. J’ai entendu parler d’un monsieur.

— Il est marié ?

— Je le crois, d’après ce que j’ai entendu.

— Ils sont jeunes ?

— Je ne sais pas.

— Comment s’appellent-ils ?

— C’est M. Descré, que disent les autres.

— Ah ! bien. Ce sera bon pour le pays d’avoir des habitants de plus.

— Il faut ça dans les villages, ça donne de l’ouvrage.

— C’est tout à fait mon avis.

— Ces gens-là ont de quoi. C’est beau dans leur maison.

— Les meubles sont donc là ?

— Non, mais je parle des papiers et des peintures.

— Ce sera bientôt terminé ?

— Ils parlent d’une huitaine.

— Bien, bien.

J’en savais suffisamment. L’homme ne se serait plus arrêté de parler.

Les habitants futurs s’appelaient Descré. Ce monsieur avait une femme, et sans doute des enfants.

À ce moment, je ne songeais pas une minute que ces personnes pouvaient devenir des relations pour moi. Je les voyais à travers un nuage sans que ma pensée pût se fixer sur eux.