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dévouée… Jamais elle n’a manqué à ses devoirs envers Dieu, envers son père et envers ses sœurs… Elle sera donc une bonne épouse… Quant à toi, Mathilde, tu auras en Germain un travailleur économe et sobre… J’espère qu’il sera juste pour toi et que votre maison recèlera la paix et le bonheur…

Mathilde et Germain s’inclinèrent et se relevèrent souriants.

Bodrot poursuivit :

— Dimanche prochain, tu amèneras ta famille ici, Germain… Ce sera le repas des fiançailles… On s’entendra pour la date du mariage… Maintenant, Mathilde, donne-nous de cette liqueur que tu as faite…

— J’ai préparé aussi un gâteau, annonça Mathilde en devenant rouge.

— Ah ! tant mieux !… Plit, tu verras quelle excellente pâtissière tu auras dans ton ménage…

Les deux jumelles battirent des mains et elles s’empressèrent d’apporter des assiettes.

Plit avait perdu la parole. Il trouvait si chaud, si doux au cœur, le milieu dans lequel il entrait, que des scrupules lui venaient. Il se demandait s’il avait mérité une telle récompense et il se reprochait comme un crime d’avoir brusqué parfois sa mère… Comme il se promettait de réparer ses torts !…

Il convenait maintenant que la douceur et l’union étaient les seuls moyens pour traverser agréablement la vie. Il pensa au dévouement de son pauvre père, qui, pour gagner davantage, avait mené une existence si rude. A peine, ses frères et lui, connaissaient-ils son caractère… Ils le voyaient le dimanche, et encore pas longtemps ! les quatre garçons étant toujours pressés de se sauver pour jouir de leur liberté.

Maintenant, cela changerait. Le père de Plit aurait un emploi moins dur, son fils le lui chercherait. Et Germain s’empourprait de remords en pensant que jamais lui ni ses frères ne s’étaient inquiétés de savoir si cette garde de nuit fatiguait ou non le pauvre ouvrier…

Il regardait Mathilde qui découpait le savarin. Elle avait les gestes adroits et rapides. Quand elle eut terminé, elle s’écria :

— Rapprochez-vous de la table, Germain… Placez-vous entre papa et moi…

Au bout de quelques minutes le jeune homme avait repris son aisance où perçait, en plus, une joie qui grandissait.

On parla de Gérard.

— Alors, dit Mathilde, le voici replacé dans son monde… J’en suis contente pour son père et lui…

— Il m’a fait du bien… murmura Plit.

Mathilde contempla son fiancé avec une émotion qu’elle dissimula.