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facer s’arrogent des droits infinis… Mais la nature se vengera… J’ai constaté que tes brûlures étaient superficielles. Tu étais pressée ou effrayée de ton acte et tu as passé l’acide avec rapidité. Il n’a effleuré que l’épiderme et ta peau qui était encore imprégnée d’eau n’a pas absorbé tout le mordant… L’onguent que le docteur a indiqué à ta mère réalise des miracles… Dans quelques semaines, tu auras recouvré ton visage habituel et tu auras tout le loisir de répéter ta belle opération.

Christiane ressentit enfin quelque calme dans le désert des Chaumes. À part Bertranne, elle ne voyait personne.

Elle devenait moins chère à Mme  Fodeur, qui ne lui pardonnait pas le don de sa fortune. Quand elle apprit son accident, sa sensibilité s’émut, mais sa fille lui ayant affirmé que les traces de brûlures disparaîtraient, elle cessa de s’apitoyer.

Mme  Gendel aussi gardait rancune à sa fille de son geste généreux. Ses revenus suffisaient, certes, et au delà, pour l’entretien d’une famille, mais elle regrettait cet argent pour Christiane.

Souvent elle lui disait :

— Si j’agissais comme toi, que ferais-tu ?

— Je travaillerais, ripostait la jeune fille avec la conviction de celles qui ne savent pas ce qu’est le gain pour la vie.

Mme  Gendel appréciait plus que Christiane l’indépendance que crée la richesse. Il lui fallait l’atmosphère que donne un grand confort.