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en horreur… Elle ne veut pas vous épouser, et cependant ma femme et moi nous sommes convaincus que vous ne lui êtes pas indifférent…

— Vous l’avez remarqué aussi, n’est-ce pas ? s’écria Robert, radieux.

— Nous le croyons.

— Alors ?

— Voici ce que nous avons trouvé de mieux comme cause à cette volonté de célibat : Christiane est très fière et très scrupuleuse. C’est une âme pure. Or, elle souffre par sa mère, qui est une mondaine impénitente, qui n’a pas de frein à ses fêtes… à ses bals, à ses soirées où elle s’amuse comme une enfant de seize ans… Christiane est navrée de cet état de choses et par un réflexe instinctif, elle s’enfonce dans un sérieux, dans une austérité que lui envierait une supérieure de congrégation. Il y a de ces natures qui préfèrent s’abreuver en silence de leur soi-disant honte, plutôt que de l’expliquer… Elle se dit sans doute : Rougir de ma mère devant celui que j’aime, non, je préfère la solitude.

Robert Bartale rayonnait. Il s’écria :

— Cette mère aimable ne compte absolument pas pour moi !… Je ne la connais même pas de vue… Ce n’est pas elle que je veux épouser… Cette charmante jeune, fille est trop scrupuleuse… Je vais aller lui dire que je sais son secret.

L’agitation se traduisait en Bartale, par des phrases hachées.

— Nous supposons que c’est là son secret, répéta M. Lavique