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dans le sentiment qui transformait son cœur et elle ne notait pas ces nuances.

La veuve les aurait dédaignées si elle s’en était aperçue, mais elle contentait son ambition et se grisait de son geste de semeuse.

Elle trouva cependant que Christiane n’était plus la même. Une mélancolie remplaçait la sérénité acquise depuis quelque temps. Comme elle ignorait la rencontre avec Robert Bartale, elle conclut que la frivolité de Mme Gendel l’accablait.

Elle la plaignit en essayant de l’arracher à ses pensées, mais la jeune fille restait rêveuse. Des regrets l’envahissaient.

Plongée dans ses hésitations, elle entendait la voix de Mme Fodeur comme dans une psalmodie :

— Ma chère enfant. Dieu vous récompensera. Jamais je n’ai rencontré une âme aussi dévouée que la vôtre… Tous les jours, vous avez à votre actif une bonne action nouvelle… Vous faites l’admiration de tout notre groupement… Votre abnégation est admirable…

Christiane ne prenait pas ces louanges à la lettre. Elle savait maintenant combien son chemin était pénible et elle ne le gravissait plus qu’avec difficulté, mais le respect humain seul l’empêchait de reculer. On faisait fond sur son dévouement.