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— Cette pauvre petite n’a pas de chance.

Chacun a sa part de soucis.

Ayant dit, M.  Lavique reprit le coin de sa cheminée, alluma un cigare de choix et s’enfonça dans la lecture de son quotidien.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Mme  Fodeur n’avait pas éprouvé depuis longtemps de telles satisfactions. Elle aimait dépenser largement et s’en trouvait privée, faute de moyens. Elle s’offrit ce luxe avec les revenus de Christiane.

La jeune fille, depuis qu’elle voulait se défendre de penser à Robert, s’étourdissait dans une prodigalité que Mme  Fodeur encourageait.

Elle possédait près de deux cent mille francs de rente et pouvait en disposer à son gré. Ce fut un délire de générosité.

Les pauvres secourus s’émerveillaient de l’affluence de ces dons. Les mansardes sordides devenaient des chambres spacieuses, les meubles boiteux étaient remplacés par un mobilier confortable, les ustensiles de cuisine étaient neufs et commodes.

Les miséreux subitement enrichis d’objets nets, s’imaginèrent que l’argent ne comptait pas pour ces donateurs et ils acceptaient cette abondance avec un léger cynisme que ne remarqua nullement Mme Fodeur.

Donner trop facilement nuit à la charité.

Christiane s’absorbait entièrement