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— Hein ?

La jeune fille était calme. Elle répéta sa phrase, mais avant qu’elle l’eût terminée, Mme Lavique répliqua :

— Tu as une raison sérieuse ?

— Les pauvres l’ont déjà accaparée !… cria M. Lavique. Ils ont flairé une proie et ils se cramponnent à elle !…

Christiane secoua la tête :

— Comme vous êtes injuste, cher monsieur. (Les pauvres n’ont pas pesé sur ma volonté. Si je me suis tournée vers eux, c’est parce que je n’avaîs pas l’intention dé me marier…

M. Lavique ne pouvant admettre qu’une femme aussi charmante échappât à un époux, dit rondement :

— Ma petite fille, tu es folle... As-tu idée de cela ? cria-t-il en se tournant vers sa femme. Bâtie comme elle est, des yeux à rendre idiots tous ceux qui la regarderont, des cheveux à enchaîner un régiment, des dents…

— Tais-toi, mon ami…

— Oui, ce sera mieux… Ah ! bien, si je prévoyais que cette gamine réussirait à me faire sortir hors mes gonds !

— Ma petite Christiane, murmura doucement Mme Lavique, pourquoi ne veux-tu pas le marier ?

La jeune fille ne répondit pas.

— Cela ne te ferait pas plaisir d'avoir un foyer, un mari, des en-