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— Tu ris, mais mes études me fatiguent… Ma vie ne coule plus, elle est figée devant ce monsieur. J’ai fini d’être moi, avec la sensation de commencer une autre existence… Et sais-tu encore ?… Eh bien ! quand on est attaqué par ce mal, mystérieux par la diversité des symptômes qu’il accuse, la science vous semble un leurre et on se demande pourquoi on cherche la cause des faits, puisque la raison d’être est seule : l’amour…

— Je m’explique maintenant tes idées nouvelles sur le travail de la femme.

— Tu y mets même un peu d’ironie. Mais je le mérite. Je conclus que toute œuvre vraiment productrice doit être accomplie par des gens rassis, qui n’ont plus l’amour en tête… Ah ! mon amie, que je suis heureuse et tourmentée !…

— Je souhaite que ta vie se fixe et que cet événement devienne une source de joies…

— Merci…

De nouveau, un silence tomba.

— Comme tu es désenchantée et ardente en même temps, murmura Christiane. et comme la vie est bizarre… À la maison on n’entend que chant et danse, et maman est plus jeune que jamais… et, toi, tu raisonnes comme un vieux savant qui retient son cœur… Je ne comprends plus…