Page:Fiel - Le Sacrifice et l'Amour, paru dans l'Écho de Paris du 3 février au 7 mars 1934.djvu/34

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

je ne demande pas mieux, je t’étonnerais, n’est-ce pas ?

Christiane regardait son amie. Une surprise se lisait sur ses traits. Le moment de dépression qu’accusait l’étudiante déroutait l’appréciation qu’elle avait d’elle.

— Oui, je te surprends, je le vois, et cependant rien n’est plus sérieux… Et c’est l’amour, ma bonne Christiane, qui me rend lyrique et paresseuse… Je ne puis plus m’appliquer au labeur quotidien… toujours ce visage entrevu me hante et cette voix me poursuit…

— Comment… tu aimes quelqu’un ? s’écria Christiane.

Ses yeux plongeaient dans ceux de sa compagne.

— Hélas ! répondit simplement Bertranne.

Il y eut un silence. Christiane était tellement abasourdie qu’elle ne savait plus que dire.

Son amie reprit avec plus de lenteur :

— Ma confidence nécessitait ce cadre, et c’est pourquoi je t’ai amenée aux Chaumes… J’aime, oui, trois fois hélas ! J’ai cru que j’oublierais ce que j’ai pris pour une surprise printanière, mais non, je suis réellement amoureuse, ma douce Christiane, je te dis cela, comme si je t’annonçais que j’ai la grippe ou quelque autre maladie…

— C’est plus gai, heureusement !

— Plus gai ? Je ne trouve pas !