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impose. À l’hôtel, elle se troublait quand on la regardait trop, et quand elle restait dans sa chambre, ses pensées la hantaient. Alors, prise d’un besoin de mouvement, elle s’en allait, résolue à trouver de la beauté aux chemins, aux vieilles ruines, à la clarté du ciel et à l’ombre des forêts.

Mais elle ne jouissait de rien.

Les Chaumes, trop silencieux pour sa douleur, ne l’attiraient pas encore. Elle craignait de s’y abîmer dans le désespoir et ce qu’elle voulait, c’était guérir.

Paris était ce qui lui convenait le mieux. Elle fuyait la paix de son hôtel pour parcourir les rues populeuses.

Elle revoyait parfois les Lavique, qui reprenaient vis-à-vis d’elle l’attitude souriante qui était la leur envers tous.

Mme Lavique examinait le visage de sa jeune amie et le trouvait pâle, mais ne disait rien. D’une voix aimable, elle demandait :

— Ta santé est bonne, Christiane ?

— Oui, chère Madame, très bonne.

Les grands yeux brillants démentaient cette affirmation, ainsi que les gestes nerveux et le regard lointain.

Mais la vieille dame n’insistait pas.

Sans vouloir le lui montrer, les deux vieillards lui gardaient quelque rancune et ne s’expliquaient pas le mystérieux échange qui avait eu lieu entre Christiane et son amie.

M. Lavique, qui appréciait l’étudiante dont il avait cru se faire une