Page:Fiel - Le Sacrifice et l'Amour, paru dans l'Écho de Paris du 3 février au 7 mars 1934.djvu/182

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Cette situation lui était intolérable. Une sueur froide perlait à ses tempes, et elle estimait qu’elle payait chèrement sa joie.

Elle se trouvait brusquement en état d’infériorité devant la jeune fille et elle se repentait de l’avoir quelque peu persiflée.

Christiane pleurait. Tout son désespoir s’échappait de son cœur et Mme Fodeur savait que rien ne la consolerait. Elle y tenta cependant, mais ses efforts restèrent stériles.

De temps à autre, elle murmurait : Seigneur ! et elle joignait les mains en un geste impuissant.

Sa surprise s’atténuait un peu pour laisser la place à ses réflexions. Elle se disait que l’héroïsme de Christiane mériterait une publicité éclatante, mais qu’il était de ceux qu’il valait mieux taire.

Elle se bouleversait à l’idée que Bertranne pût l’apprendre et en avoir une vie troublée.

Son orgueil s’humiliait. Elle entrevoyait les faits et tremblait que Robert n’aimât pas sa fille et qu’il eût obéi à une suggestion de Christiane, augmentée de dépit et de désespoir.

Seule, Bertranne jouissait de la situation, mais sa mère tremblait maintenant pour son bonheur.

— Christiane, mon enfant, ne pleurez plus… vous me désespérez.

La voix de la veuve sonnait humble et douce et ce fut un calmant pour la jeune fille.

— Nous serons deux malheureuses, mon enfant, parce que votre révélation me plonge dans le désarroi et le scrupule. Pouvais-je m’attendre à