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venez ? Il vous faudrait un mari sage. Ce qui est curieux, c’est que vous, plus jolie et plus riche que ma fille, vous n’ayez pas encore trouvé le fiancé de vos rêves.

Christiane jeta sur Mme  Fodeur un regard dont celle-ci fut interloquée. Elle ne le comprit pas, et comment l’aurait-elle pu ?

— Je vous trouve un peu sombre, poursuivit-elle, et cependant je vous sais très bonne. Je ne pense pas que le bonheur de Bertranne vous porte ombrage, mais le cœur humain est rempli de contrastes sans qu’il s’en doute.

— Madame !… interrompit brusquement la jeune fille.

Elle n’en pouvait plus de garder le silence. Ses traits tirés trahissaient la lutte qu’elle soutenait contre soi, mais l’ostentation et le ton protecteur de la mère de Bertranne la poussaient hors de sa réserve.

Mme  Fodeur, femme de bon sens, perdait toute mesure. Elle était enivrée.

L’interruption de Christiane la surprit. Elle questionna d’un accent hautain ;

— Qu’est-ce donc ?

— Vous n’avez donc pas entrevu ma souffrance, vous, une mère qui vous piquez de psychologie ?

— Que voulez-vous dire ? balbutia la veuve alarmée.

Alors, Christiane se décida. Bertranne était mariée. Nul débat ne pouvait plus surgir entre elles deux. Elle avait assez de cette pitié conseillère. Elle s’écria :

— Le fiancé que j'aimais est main-