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restait sur son siège, affaissée, pensant avec horreur ; C’est pour que son cœur si dur soit satisfait que je lui ai sacrifié toute ma vie.

Son manque de logique était flagrant. Il lui plaisait d’être grande et elle eût voulu qu’on le reconnût.

Bertranne était aveugle comme tous ceux qui ont le bandeau de l’amour. Toutes ses aptitudes convergeaient vers son rêve.

— Je me sauve…, ne me reconduis pas. Je sais le chemin. À bientôt ! Viens nous voir un soir, tu ne seras jamais de trop !

Elle disparut.

Christiane ne bougea pas plus qu’elle ne répondit.

La faculté de souffrir lui était revenue.

Les jours passèrent rapidement. Christiane aurait voulu tout à la fois les précipiter et les retenir.

Elle s’efforçait de ne plus penser à Robert, ni à Bertranne, mais leur souvenir ne la quittait pas.

Elle rencontrait Mme Fodeur aux comités d’œuvres, et lui voyait un visage changé, avec, en plus une sorte de dédain.

Évidemment sa gloire de mère était à son comble. Sa fille se mariait richement et par inclination mutuelle. Quelle mère, même inconsciemment, n’aurait pas eu cet air radieux ?

Christiane supportait assez difficilement cette allégresse. Son détachement se nuançait de faiblesse.

Après les compliments et félicitations formulés à Mme Fodeur, elle avait évité tout ce qui touchait au