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parce qu’elle aurait préféré sentir sa souffrance. Comment gagner le ciel, quand le sacrifice ne provoque plus une révolte dans l’être ?

Elle dormit mal. Quand elle se leva, le lendemain matin, sa pensée lui sembla arrêtée. Elle s’imagina qu’elle côtoyait la folie et s’évertua à réfléchir à des problèmes compliqués pour mesurer l’élasticité et la coordination de ses idées.

Elle en était là de ses incertitudes quand, vers dix heures du matin, elle vit entrer Bertranne, ivre de joie.

Plus radieuse que le soleil, la jeune étudiante se jeta dans ses bras, en s’écriant :

— Je tiens enfin mon bonheur ! Robert m’a demandé hier soir de devenir sa femme, il me semble que je dors éveillée !

Un froid glacial envahit Christiane. Robert avait tenu le défi.

Bertranne poursuivait :

— Peux-tu imaginer un conte de fée pareil ? Je me demande si c’est bien moi, Bertranne Fodeur, étudiante pauvre… La joie de mère est touchante… Ah ! je me sens une tout autre personne, et que je plains toutes celles qui travaillent sans une tendresse au cœur !… Christiane… Christiane !… Si tu savais comme il est doux de se savoir aimée d’un être que l’on aime.

M.  Bartale est affectueux ? questionna Christiane, jalouse et désespérée.

— Je ne sais pas encore, riposta Bertranne. En ce moment je n’apprécie que ma joie récente : sa de-