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vent, de la jeune mariée, tout à l’orgueil de l’empire exercé sur un homme.

Elle projeta d’espacer les relations.

Robert la quitta avec une nuance de défi sur le visage. Il la regarda longuement en la saluant et elle murmura :

— Adieu…

Ils ne se touchèrent pas la main.

Les galeries se remplissaient peu à peu et Christiane fut surprise de se voir environnée d’une foule qu’elle ne soupçonnait pas dans son trouble.

Elle resta encore quelques minutes assise, ressassant cet entretien auquel elle s’attendait si peu. Ses pensées s’embrumaient. Elle vivait trop de sentiments factices pour apprécier les événement à leur vraie valeur.

Elle ressentait surtout une lassitude infinie et un désir de ne pas desservir Bertranne.

Elle s’étonnait de ne pas souffrir davantage, et se demandait quelle insensibilité lui était venue tout à coup. Ses nerfs ne possédaient plus aucun ressort.

Se levant péniblement, elle rentra chez elle.

Sa soirée se passa dans une sorte d’inconscience où nulle impression ne se manifestait plus vive que l’autre. Une indifférence la glaçait. Les yeux secs, la voix calme, elle allait et venait, donnant des ordres, exécutant diverses choses à la façon d’une somnambule.

Par moment elle se disait ;

— N’ai-je donc plus de cœur ?

Cette constatation la bouleversait,