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fut étreint tout à coup par l’irrémédiable.

Quand une femme congédie un homme en le laissant libre de choisir une autre femme, c’est qu’elle ne tient vraiment plus à lui.

Christiane eut assez d’empire sur soi pour donner cette apparence à celui qu’elle aimait toujours.

Avec effroi, Robert Bartale répéta :

— Une autre jeune fille ?

Il semblait énoncer des mots qu’il ne comprenait pas. Existait-il donc une autre jeune fille pour lui ?

Il vint à l’idée de Mlle Gendel de frapper un grand coup. Elle se recueillit, puis elle répondit posément :

— Une jeune fille tout à fait dans vos goûts serait Bertranne Fodeur…

— Bertranne Fodeur… vous la connaissez ?

— C’est mon amie… Je ne lui avais pas encore fait part de nos fiançailles, la voyant assez rarement, vous serez donc très à l’aise vis-à-vis d’elle… et lui tairez cet épisode de notre existence, par délicatesse pour elle et pour moi. C’est la seule grâce que je sollicite de vous…

Robert était abasourdi. Mais, voulant renchérir sur la sérénité déconcertante de sa partenaire, il riposta non sans amertume :

— Vous avez raison… Elle est charmante et paraît la bonté même… De plus, elle est fort intelligente et c’est une travailleuse de mérite… Mes cousins chez lesquels je l’ai vue quelquefois en font grand cas.

— Je n’en suis pas surprise, repartit tranquillement Christiane, tout le