Page:Fiel - Le Sacrifice et l'Amour, paru dans l'Écho de Paris du 3 février au 7 mars 1934.djvu/137

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour m’imaginer que vous étiez l’âme idéale que je cherchais !…

La surprise, la honte, la douleur agrandirent les yeux de Christiane. Une pâleur livide s’étendit de nouveau sur ses traits et elle balbutia :

— Non… non… pas cela !

— Que voulez-vous que je croie ? Vous jouez là un jeu de coquette !

— Non ! cria Christiane dans un désir de justice.

— Il n’y a nulle autre manière d’expliquer votre conduite… Vous vous amusez à jouer avec les cœurs. On vous croit bonne ! Quelle dérision !

Tout ce que l’âme de Christiane recélait de hauteur morale passa comme une flamme pour purifier l’air qui l’entourait. Le regard dilaté par la douleur, elle écoutait Robert. Ses oreilles bourdonnantes se refusaient à admettre ce qu’elles entendaient.

Un mépris lui vint pour l’homme qui se tenait devant elle, sans réfléchir que la passion contrariée dictait cette colère affreuse. Plus expérimentée, elle aurait pu mesurer de quel amour elle était aimée pour qu’il arrivât à un tel excès.

Elle était atteinte par le mal que Robert disait de sa mère et que sa rudesse et son scepticisme d’homme aggravaient. Depuis la mort de Mme Gendel, elle s’ingéniait à oublier ses défauts et elle gardait le souvenir d’un être pétri de vie et d’affection. Elle n’éprouvait plus pour la disparue qu’un tendre regret.

Robert Bartale lui rappelait dure-