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Presque comme une martyre, la jeune fille eut l’atroce courage de répondre, dans son amour flagellé :

— Je n’ajouterai rien à mes paroles. J’ai cru pouvoir vous aimer, je me suis trompée et il vaut mieux que nous rompions maintenant.

— Je crois rêver ! cria Robert, plus bouleversé que jamais. Que dois-je comprendre ? Il y a là un mystère.

La voix de Robert passait par tous les accents. La colère, la passion, la supplication, la tendresse se trahissaient à tour de rôle dans les mots qu’il prononçait. Mais en vain essayait-il de fléchir Christiane, elle restait de marbre devant lui.

Cette attitude lui causait un mal affreux. Il eût préféré la lutte à ces refus nets, obstinés, qu’elle lui opposait, comme si elle ne savait plus que cette phrase inique qui l’anéantissait.

Christiane ne se doutait pas que son sacrifice serait un combat si rude.

Il se domina et il essaya de l’émouvoir.

— Christiane, ne vous souvenez-vous donc plus des paroles de confiance auxquelles vous répondiez ?

Fermement, elle répliqua :

— Je viens de vous dire que ce projet me paraît impossible.

À peine le dernier mot fut-il prononcé que Robert, fou de douleur, cria :

— Ah ! vous êtes bien la fille de votre mère ! Fantasque, coquette, superficielle ! Étais-je assez sot