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chez Christiane, ne devenait que temporaire chez Bertranne.

Mme  Fodeur déplorait le sort de sa fille. D’un passé où la femme ne régnait que dans son intérieur, elle adoptait difficilement les mœurs nouvelles. En soi, elle espérait qu’un mariage riche enlèverait Bertranne aux aléas d’une carrière difficile. Mais si elle parlait parfois de ce rêve, elle laissait l’étudiante poursuivre son but.

— Ma petite enfant, dit-elle à Christiane, votre décision est peut-être irréfléchie… Il faut beaucoup de temps pour se consacrer aux pauvres…

— J’ai la vie mondaine en horreur… elle est si vaine… si vide…

Mme  Fodeur comprit tout de suite que Christiane pensait à sa mère. Elle lut sur le front de la jeune fille, au pli amer qu’accusait la bouche, que la conduite frivole de Mme  Gendel dépassait ses forces. Elle en conclut que l’une était trop superficielle et l’autre trop austère.

Mme  Fodeur éprouvait pour la mère de Christiane Un dédain infini, qui l’empêchait de resserrer ses relations avec elle. Comment aurait-elle pu s’entendre avec une femme dont l’ambition se limitait au culte de sa beauté, et à la recherche des succès s’y rattachant.

Cependant, pour sauvegarder la politesse, elle prétextait son deuil et le travail de sa fille, ce qui espaçait