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— Quelle pitié d’entendre ce pauvre Robert… Il est accouru à la maison, frémissant de douleur ; nous ne pouvions nous imaginer ce qui était survenu. Sitôt qu’il a pu prononcer ton nom, ma chérie, nous avons été tremblants comme lui, et nous avons éprouvé une véritable délivrance en apprenant que tu étais vivante… Le pire avait traversé notre imagination. Robert ne se possédait plus… « Sa beauté que j’aimais tant ! » criait-il… Il nous a avoué combien tu lui étais chère… Ah ! chérie, pourquoi repousser une telle affection ?

Christiane écoutait et pâlissait sous les paroles murmurées par la vieille dame.

— Peut-être es-tu sceptique devant ces mots, mais que veux-tu d’autre que des mots ? Les grandes preuves sont édifiées par le temps, et toi, tu laisses fuir ce temps…

Ces dames étaient assises dans une loggia feuillue où s’abritaient des nids d’oiseaux. Devant elles, le soleil brûlait la terre.

Christiane portait une robe d’organdi blanc. On voyait ses beaux bras nus et son cou largement découvert. Malgré les souffrances que Mme Lavique lui dépeignait, elle n’éprouvait qu’une pitié de surface. Elle savourait cette douleur, et au-dedans d’elle, l’hymne d’amour triomphait.

Le désespoir de Robert trahissait une tendresse si haute et si rare que sa volonté en fléchissait.