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Ce matin-là, en se rendant à la mine, il était presque désespéré de la réflexion émise par Léone de vouloir être dans un pays toujours ensoleillé et bien fleuri !

Hélas ! comment lui procurer cela ? Lui, pauvre mineur, ne pensait qu’à sa mine, où il était descendu bien jeune. Il se souvenait de sa première descente, quand son père, lassé par ses questions, lui avait dit brusquement :

— C’est bon… tais-toi… je t’emmènerai demain.

Cela avait été un bonheur pour les dix ans qu’il venait d’avoir ! Les abords de la mine, il les connaissait, mais s’enfoncer dans les entrailles de la terre et le raconter à ses camarades, qui n’avaient pas la même chance, quelle gloire ! Aussi entra-t-il dans la benne avec orgueil. Il n’avait pas peur. Ses compagnons le taquinaient bien un peu, mais il acceptait leurs réflexions.

Cependant, il crut que la descente ne s’arrêterait jamais, tellement il était impatient de se trouver dans la galerie où son père travaillait dans l’équipe où le père de Léone était porion.

Enfin, son souhait se réalisa. Au bout de 250 mètres la cage s’immobilisa et Louis en sortit, nullement surpris par ce qu’il voyait. Il savait déjà que la mine était une petite ville souterraine.

Mais il n’en fut pas moins étonné par tout ce qu’il voyait : Des hommes, de leurs pics, entamaient le gisement dont les blocs se détachaient sous leurs efforts, les wagonnets roulaient et des mineurs les chargeaient, et ils repartaient pour la remontée.

Louis connaissait tout cela par ouï-dire, mais il était heureux de voir pour mieux comprendre. C’est qu’il aimait profondément la mine et son but était de devenir houilleur comme son père et son grand-père.

Il aurait tout de suite voulu pousser un wagonnet, tellement il lui semblait qu’ils glissaient facilement sur les rails qui garnissaient les galeries.

Louis se demandait comment, par moments, la houille devenait si méchante, c’est-à-dire qu’elle pouvait s’enflammer et provoquer des accidents terribles.

La mine travaillait son père n’était pas grisouteuse et il n’était jamais rien arrivé. Mais dans un autre gisement, les gaz s’étaient tout à coup massés pour exploser et un de ses oncles y avait trouvé la mort avec plusieurs de ses compagnons.

Quel deuil dans la cité et que de pleurs !