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Tout le monde courut aux abords de la mine. Les femmes, bien que n’ayant aucun détail, pleuraient nerveusement. Les ingénieurs essayaient de les rassurer. Ils s’enfoncèrent dans le puits et chacun attendit les nouvelles dans un silence angoissant.

Léone et Flore étaient là avec leurs mères. Il y avait aussi Mme Terla. Son mari, son fils étaient peut-être parmi les morts.

Mme Aumil ne parlait pas, non plus que Léone. Leurs lèvres étaient serrées par l’effroi.

Marius Jolly était là aussi, pérorant et prodiguant des consolations superflues. Il ne s’apercevait pas que personne ne l’écoutait.

Les femmes semblaient maintenant de vraies statues de l’anxiété. Elles attendaient la première remontée de la benne, avec les premiers blessés, car elles étaient bien convaincues que tous ne seraient pas saufs. Marius allait des unes aux autres.

— Peut-être qu’il n’y aura rien du tout ! quand je suis descendu là-dedans, j’ai vu que tout était en ordre, pas de signe de malheur. Cela se sent cela, et j’ai le flair pour voir ce qui accroche.

Léone, honteuse de ce verbiage tellement inconsidéré, se rapprocha de lui et lui souffla à l’oreille :

— Taisez-vous !

— Eh ! quoi, je suis bon, je console ces femmes.

— Ne dites plus rien. Il faut attendre. Vous leur donnez peut-être une fausse joie qui doublera leur peine, si elle leur vient. Nous sommes des silencieux.

Marius se tut, mais affirmer qu’il n’était pas vexé, serait sans doute inexact.

Enfin, la cage remonta, des visages se convulsèrent dans l’angoisse. On retira trois blessés que leurs femmes reconnurent avec des gémissements. Une ambulance les transporta à la clinique de la mine. Tout le monde s’émut devant leurs visages altérés par la souffrance. Leurs blessures étaient-elles mortelles ? on le saurait plus tard. Pour le moment, ils étaient vivants, et c’était déjà un adoucissement.

Le cercle se rétrécit et l’attente reprit. Marius n’osait plus parler et il se contentait d’aller et de venir.

La benne remonta de nouveau. Les femmes anxieuses se penchèrent. Léone poussa un cri, son père et Louis étaient parmi les blessés, son père avec les traits livides.