Page:Fiel - La fille du mineur, 1947.djvu/21

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 19 —

que tu aimerais bien son pays s’il pouvait vraiment te procurer une place chez son patron. À cela, il a répondu d’une voix d’homme réfléchi :

« La pauvre pitchounette elle est trop bien pour être sous les ordres de mon oncle qui est jovial et leste en paroles, non, cette ptite doit se marier. » Après avoir dit cela, il est resté au moins cinq minutes sans parler ! Tu as des chances de connaître le midi, ma fille !

— Que tu es bonne de me dire tout cela.

— Il m’a demandé s’il te verrait aujourd’hui.

— Pour sûr.

— Je pense lui dire que tu viendras ?

— Oui, je vais avancer mon travail.

Elles arrivaient devant leurs maisons et elles virent Marius qui attendait Flore dans le jardin. Il s’empressa au-devant d’elles.

— Hé ! bonjour Mlle Léone, vous avez bien dormi ? vous êtes fraîche comme la rose, ce matin. Donnez-moi votre panier, je le porterai jusque chez vous, il est trop lourd pour vous.

D’un pas vif, le bon Marius, muni du panier, entra dans le jardin Aumil, et pénétra dans la maison, comme un habitué, en s’écriant :

— Madame la voisine, voici de quoi vous restaurer ! cela va comme vous le désirez ce matin ? Vos hommes sont partis ? moi, je descendrai cet après-midi, je suis curieux de voir cet enfer, cela me changera avec la mer si bleue, les mouettes si blanches, et nos maisons dorées. Où dépose-t-on les paquets, madame la voisine, dans la cuisine ?

— Ne vous donnez pas la peine.

— Oh ! ça me connaît. J’ai fait le marché pour maman et, là-bas, c’est gai, bagasse ! Ce que les commères peuvent glapir, et elles marchandent, et ce sont des injures ! eh ! va donc, crapaud ! attends voir, volaille ! il t’en cuira, dinde ! Les badauds s’amusent, eh ! c’est la bonne vie. Si votre fille repartait avé moi pour séjourner chez mes parents, vous verriez quelles belles couleurs elle aurait au bout de deux jours !

— Nous verrons cela ! essaya de placer Mme Aumil.

— Des jeunes filles, ça s’élève au soleil !

— Nous en avons aussi en été.

— Pechère ! je le vois d’ici, un rond rouge voilé de fumée, C’est du joli, ce n’est pas le soleil de chez nous.