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— J’en avais l’intuition.

— Ce n’était pas malin à deviner. Il vient assez souvent chez nous.

— Mais je ne suis pas indiscrète, et je ne t’en aurais pas parlé la première.

— Bon, laissons mes amours et parlons des tiennes.

— À venir ! interrompit Léone en riant.

— En attendant, arrange-toi pour voir arriver mon cousin qui s’appelle Marius Jolly.

Les deux jeunes filles cessèrent leur entretien et Léone, dans la maison, où elle était seule pour le moment, ne pensa plus qu’au lendemain.

Ah ! si ce projet pouvait réussir ! que ce serait bon de vivre dans un pays de fleurs.

Le lendemain, elle était à l’affût derrière son rideau, à l’heure présumée de l’arrivée du cousin. Elle le vit. Il marchait près de Flore qui l’avait cherché à la gare, et il riait de tout son cœur.

C’était un jeune homme aux cheveux noirs, aux yeux pétillants, au geste vif.

« Il est bien » pensa Léone, et comme il a l’air gai. La vie doit être facile près de lui, pourvu que je lui plaise !

Elle s’examina dans son miroir. Ses cheveux blonds ondés, ses yeux bleus et une fossette de chaque côté de la bouche, la déconcertèrent. Elle douta de son pouvoir de séduction, et une ombre voila son visage.

Le lendemain, elle essaya de s’embellir en se poudrant et en avivant ses lèvres, et elle partit à l’heure indiquée en disant à sa mère que Flore lui avait donné rendez-vous.

Une appréhension ne la quittait pas, et elle avait beau se raisonner, elle se disait qu’elle tentait là une rupture complète avec les siens et ses habitudes. Cependant, elle ne recula pas.

Comme il était convenu, elle rencontra Flore et son cousin au reposoir désigné. Il ne fut pas question d’échanger quelques mots dans ce lieu. Un regard bref de part et d’autre, puis les quelques minutes de recueillement terminées, Flore sortit, suivie de son cousin et attendit Léone.

Les présentations eurent lieu.

— Ma meilleure amie, Léone Aumil, mon cousin, Marius Jolly.

— Enchanté de faire votre connaissance, Mademoiselle.