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l’ombre s’efface

Giverny pour jeter un coup d’œil sur les jardins du peintre de talent : Claude Monet.

— La saison est peut-être un peu avancée pour admirer des fleurs.

— Vous avez toujours raison ! Vous savez tout arranger et vous êtes une bien aimable chérie.

— C’est vous qui êtes le meilleur des maris.

Notre soirée se passa fort agréablement.

Jacques me raconta quelques épisodes de son enfance, ce qui m’amusa. Hélas ! je n’avais rien de plaisant à lui dire de moi. Je savais d’ailleurs que mes récits lui causaient plus de peine et de colère que de joie.

Mon jeune âge chez les Nébol, mon dur travail chez les Labatte, n’avaient rien de comparable à l’exis­tence menée par sa sœur et lui.

En l’entendant, je pensais à mes parents que je ne connaissais pas, et là encore c’étaient des regrets stériles.

Puis Jacques me dit :

— C’est demain que vous allez chez Mme de Sesse ?

— Oui, mon ami.

J’étais contente de parler d’elle et je repris :

— Vous est-elle sympathique, à vous aussi ?

— Extrêmement. C’est une personne réfléchie et j’apprécie beaucoup son bon sens.

— Et M. de Sesse ?

— Il est un peu mélancolique, mais cela tient sans doute à…

Clarisse, à ce moment, vint nous déranger pour prévenir Monsieur qu’il était demandé au téléphone. Je me plongeai dans les gravures d’une revue.

Quand Jacques revint, il me parla de la conversa­tion qu’il avait eue avec un confrère en archéologie, et je ne sus pas ce soir-là à quelle cause attribuer la tristesse de M. de Sesse.

Le lendemain, je me préparai à sortir pour ma visite. Je n’affirmerai pas que je n’étais pas émue. Une sensation d’étouffement me prenait à la gorge, et pour la dissiper je fis le trajet à pied. J’arrivai cependant encore un peu angoissée à l’appartement de Mme de Sesse.

Une femme de chambre stylée me reçut. Elle me reconnut sans m’avoir jamais vue et elle eut un gentil