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l’ombre s’efface


CHAPITRE IV


Clarisse était fort satisfaite que Mme de Sesse m’eût invitée chez elle :

— C’est une bonne dame. Et puis…

Elle s’arrêta, et je n’en sus pas plus long ce jour-là.

Tout de suite elle me parla de Mme Saint-Bart, qu’elle trouvait rieuse et loquace. Elle ne me fit nul commentaire sur les messieurs, mais me questionna sur Hervé :

— Comment Madame l’a-t-elle retrouvé ?

Ce mot « retrouvé » signifiait, pour Clarisse, com­ment j’avais jugé le jeune homme à ma seconde visite.

— Mais, Clarisse, pas moins beau que la première fois. Il a vraiment une tête charmante.

— Sa tête, sa tête, ce n’est pas tout ! Il faut savoir ce qu’il y a dedans… Pour ma part, je crois qu’il n’en sortira jamais rien de bon !

— Vous devez lui laisser une chose, cependant : c’est d’être très fidèle à sa fiancée.

— Fidèle ! Cela dépend comme on l’entend !

Je vis que Clarisse était de fort méchante humeur, et je la laissai dans ma chambre où elle s’était introduite sous le prétexte d’un détail ménager.

Je pensais beaucoup à Mme de Sesse et je me réjouis­ sais de passer un moment avec elle, le lendemain. Son aspect distingué et si calme me plaisait.

Alors que je m’occupais à un ouvrage de broderie dans mon petit salon, Jacques vint m’y voir.

— Que faites-vous, jolie fée ?

— Rien de sensationnel : je brode.

— Les jolies couleurs ! Eh bien ! je vais vous arra­cher à cette occupation enchanteresse pour vous emmener avec moi dans une promenade en auto.

— J’en serai fort heureuse.

— J’ai besoin d’aller jusqu’à Vernon, et sur la route nous nous arrêterons dans un petit pays appelé