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l’ombre s’efface

elle l’avait menée. Je me suis fait un mauvais sang ! Je ne pouvais courir partout ! Elle était peu parlante, ma nièce, et elle craignait toujours mon bavardage. Elle avait raison, parce que je vous raconte ses affaires. Elle m’avait dit, avant de partir : « Je te dirai le nom et l’adresse quand je reviendrai, pour que tu ailles voir cette enfant. » Et je n’ai rien su du tout.

Pendant que cette femme parlait, mon cœur sautait dans ma poitrine. Je croyais apprendre quelque chose de nouveau, et l’obscurité recouvrait encore une fois le mystère.

Cette femme dit :

— La seule chose qu’elle m’a laissée est un petit passe-couloir qu’elle trouvait trop joli pour la campagne.

Je t’interrompis pour bégayer :

— Vous…, vous l’avez, ce capuchon ?

— Oui… Il est rose, marqué C. S.

Je pensai défaillir. Était-ce bien Christine de Sesse ?

— Vous pourriez me le prêter ?

— Et même vous le donner. Que voulez-vous que j’en fasse ? Dans les premiers temps, j’avais pensé à le rapporter à Mme de Sesse, mais j’ai eu peur des questions, et puis aussi de renouveler le chagrin de cette pauvre dame. Maintenant, tout cela est fini…

Je repris pour répéter les mêmes choses :

— Ainsi c’est ce capuchon que cette petite fille portait le jour où votre nièce l’a conduite chez sa nourrice ?

— Dame, oui !

— Vous n’avez rien d’autre ?

— N… on…, n… on…

Cette hésitation me donna à croire qu’Ursule me cachait quelque chose.

— Vous êtes sûre ? dis-je un peu sévèrement.

— C’est-à-dire que la petite avait un bracelet d’identité avec son nom et sa date de naissance. Il était en or. Amélie m’a dit : « Garde ça. Les gens pourraient être tentés. » Je ne comprenais rien à toutes ces manigances. Je n’ai pas protesté, d’autant moins qu’on n’avait pas besoin de ça pour reconnaître la petite. Madame avait si peur qu’on la lui