Page:Fiel - L'ombre s'efface, 1955.pdf/121

Cette page a été validée par deux contributeurs.
119
l’ombre s’efface

secret, mais tout au moins la possibilité de vous retrouver, est un fait effroyablement étrange. Elle n’avait pas de famille ?

— Je n’ai pas pu l’apprendre.

— Ma pauvre Christine… Enfin, vous êtes heureuse, et c’est là l’essentiel. Votre mari a sans doute raison. Quand les choses se présentent d’une façon si extraordinaire, il vaut mieux ne pas approfondir. Vous avez la paix, et quoi de meilleur au monde ?

Mme Tamandy me quitta, non sans grandes démonstrations de sympathie. Elle me fit promettre d’aller la voir à un jour proche.

Elle ne se doutait pas que je me torturais pour savoir comment je m’y prendrais pour parvenir à mon but.

Comme, chez moi, tout était subordonné aux voies de la Providence, je fus de nouveau servie par Elle, alors que je ne m’y attendais pas.



CHAPITRE X


Je vivais des jours torturants, lorsqu’un après-midi, alors que je me disposais à sortir, Clarisse vint me prévenir qu’une vieille femme demandait à me voir.

— Oh ! elle n’est pas reluisante. C’est quelque pauvresse qui vient quêter Madame.

— Bon, je vais aller voir.

Quand je fus en présence de la bonne femme, je reconnus Ursule. Mon cœur battit.

— Ah ! c’est vous ?

— Oui, madame. La maison là-bas est vide. Monsieur est rentré chez son père et l’infirmière est repartie. Je suis libre de mon temps. Madame m’a demandé de venir, et me voici.

— Vous avez fort bien fait.

J’entraînai Ursule dans ma chambre, afin que nous ne fussions pas gênées pour causer. Mon anxiété